Sur fond de rivalité entre Région et Etat, les Centres d’Information et d’Orientation sont en passe de perdre leur spécificité d’accueil du public scolaire et ne seront bientôt plus qu’une structure parmi beaucoup d’autres.

Suite à la loi de 2011 sur l’orientation tout au long de la vie, le Préfet de Région est chargé de mettre en place un Service Public de l’Orientation, sorte de guichet unique de l’orientation chargé d’assurer un premier accueil de tous les publics.

A cette fin, il doit labelliser un certains nombres de structures qui pourront être privées comme publiques et devront répondre à un cahier des charges. Les services publics d’orientation comme les CIO, malgré leurs compétences évidentes en la matière, sont soumis également à cette procédure. C’est l’excuse que le Rectorat a utilisé pour fermer certaines antennes comme celle de Moûtiers en affirmant que seul le CIO d’Albertville pouvait être retenu. RGPP oblige, trois autres antennes ont été ainsi fermées sur la région. La fermeture du CIO de Maurienne semble aussi envisagé.

La crainte de la FSU est que ces conventions prévoient le principe d’un premier accueil de tous les publics et organisent le glissement vers un public non scolaire. Ce sont les conditions de travail (ouverture sur la semaine, y compris le week-end) et surtout les missions des CIO qui risquent d’ être totalement bouleversées. Ce serait la fin de la spécificité de l’accueil du public scolaire. Nous voyons bien que l’enjeu est le contrôle de l’orientation des élèves que les pouvoirs publics et les entreprises souhaiteraient, par exemple, voir plus nombreux à opter pour l’apprentissage, plus nombreux dans certaines branches …

Le nouveau rôle du professeur principal dans l’orientation des élèves est sans doute censé pallier cette disparition annoncée des Co-psy dans les établissements. Sans formation ni compétences spécifiques en la matière, les enseignants adopteront vite les logiques qu’on leur présentera.

Parallèlement, la Région, avance un projet de Service Public Régional de l’orientation, sorte de guichet unique dont l’expérimentation est en cours et qui semble assez proche de ce que l’Etat met en place, avec comme seule différence, la certitude d’y voir rapidement associés des organismes privés.

Pour couronner le tout, sur fond de bras de fer entre l’Etat et les Départements à propos du financement des collectivités territoriales, de nombreux Conseils Généraux ont décidé de suspendre le financement des CIO dont dépendent la moitié d’entre eux. C’est ainsi que l’année scolaire passée le CIO de Chambéry avait suspendu le défraiement des frais de déplacement des Conseillers d’Orientation-psychologues qui avaient réagi en suspendant leurs visites en dehors de l’agglomération. Leur responsable (SAIO) n’avait alors eu pour toute réponse que la menace de saisi sur salaire pour tout déplacement non effectué ! Cet incident est assez révélateur du peu de considération du Rectorat pour ces personnels.
Le Conseil Constitutionnel a tranché en disant qu’aucun CIO en position centrale sur un département ne pouvait fermer. Le Rectorat ne peut donc donner son accord à la fermeture du CIO de Chambéry qui doit être décidée conjointement entre le Conseil Général et lui.

Les changements politiques récents qui devraient rapprocher Etat et Régions vont sans doute modifier la donne et préciser les choses, mais, au point où nous en sommes, ce ne sera pas forcément dans le bon sens, celui du maintien d’un service public d’orientation scolaire accessible à tous les élèves dans chaque territoire…